Login

Betteraves : les importations de sucre ukrainien inquiètent la CGB

La CGB estime que la hausse des importations de sucre ukrainien est de nature à déstabiliser le marché européen.

Les importations de sucre ukrainien dans l’Union européenne vont passer de 20 000 tonnes à 700 000 tonnes ou plus. La Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB) craint une déstabilisation du marché européen.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Les volumes de sucre ukrainiens importés dans l’Union européenne « vont prendre des proportions très importantes », s’inquiète Nicolas Rialland, directeur général de la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB) le 28 novembre 2023 lors d’un point fait à la presse.

De 700 000 à 800 000 tonnes de sucre ukrainien importés en 2023-2024

Avant 2022-2023, l’Union européenne appliquait un contingent de 20 000 tonnes de sucre importé depuis l’Ukraine. « Durant la campagne écoulée, pour des raisons de solidarité que l’on comprend parfaitement, ce sont 300 000 tonnes de sucre ukrainien qui sont arrivées sur le marché européen, souligne-t-il. Pour la campagne qui débute, on anticipe de 700 000 à 800 000 tonnes, selon les informations de la Commission européenne. Et ce que l’on entend et qui nous inquiète, c’est que les Ukrainiens ont le projet de continuer à augmenter les surfaces. On pourrait imaginer que l’Ukraine soit en capacité d’exporter un million de tonnes de sucre sur l’Union européenne pour la campagne prochaine. »

Risque de déstabilisation du marché européen

« Il est vrai que l’Union européenne est déficitaire de l’ordre de 2 millions de tonnes, poursuit-il. Mais cette quantité de sucre est de nature à déstabiliser le marché européen. Et nous savons que les conditions de production de ce sucre ne sont pas les mêmes que celles en vigueur au sein de l’Union européenne. »

Le marché spot (marché européen en sortie d’usine) « a déjà réagi » à ces annonces, souligne Nicolas Rialland. Ces dernières semaines, la différence entre le marché spot et le marché mondial a « fondu », passant de plus de 500 €/t de sucre en septembre 2023 à 250 €/t actuellement. « Cela attire toute notre attention », appuie Nicolas Rialland. La CGB estime que l’impact sur les marchés se fait déjà sentir avec 300 000 tonnes d’importation.

Réexporter les volumes vers d’autres marchés

Pour faire face à ces volumes, la CGB demande que des mesures soient prises à l’échelle européenne. Elle évoque plusieurs pistes, comme la mise en place d’un contingent, la réexportaiton vers les pays tiers, ou encore l’utilisation exclusivement en non-alimentaire.

« Notre vision est très claire : il n’y a pas de raison qu’on ne puisse pas aider l’Ukraine, souligne Franck Sander, président de la CGB. Pour autant, on peut le faire sans impacter nos agricultures, qu’elles soient européennes ou françaises. Nous n’avons quand même pas fermé des usines et réduit nos surfaces pour ouvrir la porte à l’ensemble des importations. »

Hausse des surfaces françaises pour 2024

Pour 2024, « nous appelons à une maîtrise des surfaces à l’échelle de l’Union européenne, insiste Nicolas Rialland. Une hausse des surfaces de 5 % à 10 % avec de bons rendements gommerait totalement le déficit de l’Union européenne. » Or, le prix européen est construit sur ce déficit : cela tirerait le marché à la baisse.

En 2024, les surfaces françaises de betterave devraient « un peu augmenter », estime Franck Sander, qui juge que 400 000 hectares paraissent « cohérents ». En 2023, 379 000 hectares ont été plantés (–5 % sur un an). Comparativement à d’autres cultures, la rentabilité de la betterave est intéressante.

83 t/ha en moyenne en France en 2023

Nicolas Rialland réaffirme que « les marchés sont porteurs et devraient permettre de payer la betterave autour de 55 €/t à 16° en 2023-2024. » Le prix moyen français en 2022-2023 s’établit à 43,7 €/t à 16°, selon la CGB. Le syndicat chiffre le rendement moyen à 83 tonnes à 16° par hectare, contre 77 t/ha en 2022.

Cette estimation pourrait être révisée, notamment au regard de l’avancée des chantiers de récolte dans les Hauts-de-France. Dans cette zone, fortement impactée par les intempéries, « de 4 000 à 5 000 hectares pourraient être en forte difficulté », souligne Franck Sander.

Pour traiter ces betteraves, « il pourrait y avoir une usine qui devra redémarrer ». Globalement, les pluies de ces dernières semaines ont retardé les chantiers de récolte. Certaines usines dans le nord de la France tournent au ralenti pour éviter de devoir les arrêter ; une opération qui coûterait cher.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement